Bonjour,

Je m'appelle Jitoma. Je suis une élève du CM2. J'ai quinze ans. Je sais que je suis âgée pour être dans celle classe mais mes parents ne m'avaient pas inscrite à l'école quand j'avais six ans comme mes camarades. Ici les filles ne vont pas très tôt à l'école. Nos mamans ont besoin de nous pour les aider et nous occuper de nos petits frères et soeurs. Au moment où ma petite soeur, qui vient après moi a pu me remplacer, je suis allée à l'école et me voilà ici. Comme moi il y a d'autres filles et le maître nous fait asseoir au fond de la salle de classe parce que nous sommes plus hautes que nos copains et ainsi nous ne les empêchons pas de voir le tableau.

J'habite dans un village appelé Mlomp. Mon quartier est Kajifolong et il est à côté du quartier de l'école. De toute façon j'habite très loin car ici les maisons sont très éparpillées dans la brousse et la forêt. Et pour aller d'un côté à l'autre du quartier il y a parfois pluseurs kilomètres. Je me lève très tôt car je dois balayer la maison et la cour et je prépare parfois le petit déjeuner de la famille. Cela ne pose pas trop de travail car il faut chauffer les restes du riz du dîner de la veille. Maman le prépare abondant et ainsi il y a toujours un reste pour les enfants qui vont à l'école. Si nous avons eu un étranger imprévu, pas de reste, pas de petit déjeuner. Après je puise de l'eau au puits. Je dois remplir le canari où nous gardons l'eau pour boire et pour faire la cuisine.

J'en puise un peu plus et ainsi je peux me laver. Je m'habille pour aller à l'école et courir; car le soleil est un peu haut et cela veut dire que peut-être je suis en retard et je serai punie. Si j'entends la cloche sur le chemin, je cours encore plus vite. Je peux arriver à 'heure.

J'ai un professeur pour toutes les matières. Et nous étudions en français. Les premiers jours étaient très difficiles car je ne comprenais rien du tout. Ici nous parlons le diola au village, mais maintenant je me débrouille bien. Ce qui me tue, c'est d'écrire le français sans fautes. Le français est difficile et on dit que même les enfants français font des fautes. Quand le maître attrape un des élèves qui parle diola il lui donne le symbole. C'est un os de chèvre qu'on doit mettre au cou et qu'on peut donner à un autre camarade. Si on l'entend parler le diola. Le soir celui qui l'a reçoit une punition.

Les cours commencent à huit heures du matin et à onze heures c'est la récréation. Une demi-heure uniquement et l'école recommence jusqu'à treize heures. Mardi et jeudi nous avons deux heures de cours l'après-midi. Maintenant qu'il fait très chaud c'est difficile de suivre et de ne pas s'endormir. Cette année comme nous devons passer le certificat d'études primaires, le maître nous y fait aller presque tous les jours l'après-midi et même les samedis matin...

Cette année nous mangeons dans la même école. On l'appelle cantine scolaire. Nos mamans, par tour, préparent le repas pour nous. Chaque jour c'est le même menu : du riz et du poisson s'il y en a au marché. Parfois nous avons du poisson en conserve. Chaque élève a droit à 150 gr de riz. Heureusement que les plus petits ne mangent pas trop et nous mangeons le reste. Nous mangeons avec des bols. Chaque bol est pour dix personnes et nous mangeons à la main.

Notre école est très vieille. Et a besoin vraiment de l'arranger. Il pleut dedans en saison de pluies. Cette année on a des tables- bancs tout neufs et on a peint les tableaux. Nous utilisons beaucoup les ardoises. Les cahiers sont chers ici. Un cahier coûte 2,5 fr. C'est la valeur du poisson que nous mangeons à la maison pendant deux jours.

A la sortie, les filles balayent la salle de classes et la cour. Les garçons regardent uniquement. Il y a des maîtres qui ont reçu à les faire balayer; mais il y a toujours des problèmes. Nous sommes mieux entraînées et nous balayons plus vite et mieux.

A l'école nous sommes les garçons et les filles ensemble, fils du village et d'autres villages. Chrétiens, musulmans et de la religion traditionnelle. Nos maîtres nous disent souvent que l'école est une affaire de tous et que seulement si nous sommes unis nous réussirons à améliorer les conditions de vie au village.

Les mercredis après-midi nous avons le sport. Football et handball. Avec des branches d'arbre et bidons vides utilisés comme tamtam nous animons notre équipe. Parfois il faut aller à pied aux villages voisins pour jouer. Nous y allons tous et nous supportons nos camarades. Parfois il faut marcher 10 km aller et les mêmes de retour; mais en chantant on va plus vite.

Le soir de retour à la maison je change mes habits pour d'autres plus vieux. Je dois encore aider maman à la maison. Après le dîner avec une bougie ou la lampe à pétrole, si mes parents n'en ont pas besoin, j'étudie mes leçons. Et je fais mes exercices. Finis, je me couche.

J'ai eu la chance d'aller à l'école. D'autres comme moi il y a des années qui font la bonne en ville. C'est très dur et très mal payé. J'aimerais être maître mais je ne sais pas si je pourrai car mes notes ne sont pas trop bonnes. De toute façon je vais essayer que mes enfants puissent aller à l'école à six ans et qu'ils soient des bons élèves.

Jitoma.

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